Un conte qui illustre les 3 écoles du Vedanta, le dualisme de Madhva, le non dualisme mitigé ou qualifié de Ramanuja et le non dualisme absolu de Çankara dans l'ordre ou ils sont présentées dans le conte.
Pour les connaisseurs, la doctrine de bheda-abedha de Chaitanya (à la fois Un et different) est venue plus tard s'immiscer entre les positions de Madhva et de Ramanuja, les considérant toutes deux vraies.
Succinctement,
Le dualisme de Madhva dit que Dieu, le monde et les âmes sont distincts, et que chaque âme est unique, éternelle (il n'y a que son état qui change, (elle est soit incarnée, soit libérée, ou dans un autre état intermédiaire). Le monde et les âmes, ont été créés par Dieu et dépendent de lui. Pour Madhva la voie préconisée est la bhakti, la dévotion à un Dieu personnel, en l'occurence dans l'hindouisme, Vishnou. Le but du dualiste est "Je veux vivre dans la présence de Dieu"
Le non dualisme mitigé de Ramanuja dit qu'il y a une unité organique mais que le monde et les âmes sont des aspects de Dieu qui se manifeste (comme des étincelles émanent du feu sont de même nature que le feu). Dieu a la fois transcendant et immanent n'est pas touché par ces changements (c'est du panenthéisme). Pour Ramanuja la voie préconisée est aussi la dévotion à un Dieu personnel, donc la bhakti a Vishnou. Le but du disciple de Ramanuja est de réaliser "je vis en Dieu et Dieu vit en moi".
Le non dualiste absolu dit qu'il n'existe que le Brahman qui est sans attributs, impersonnel sans relation et que le monde et les âmes sont illusion. Pour Cankara, le concept d'un Dieu personnel est l'ultime illusion. Chez les adeptes de Çankara, Le brahman absolu est parfois symbolisé par Shiva, et la voie est jnana, la connaissance. Le but du jnanin est la libération, (Moksha) se dissoudre en Cela "Je suis Dieu tout est Dieu"
C'est la conclusion de l'histoire qui est intéressante. Les 3 approches sont correctes, l'une n'est pas plus élevée qu'une autre. On peut argumenter à l'infini qu'on avancera pas d'un iota, au contraire, on risque de se mettre des œillères a force de se disputer.
Je vous livre ce conte, faites en ce que vous voulez.
Un jour 3 moines vinrent s'asseoir au bord de l'ocean pour contempler.
Le premier qui était un disciple de Madhva dit aux autres :
" Regardez le vaste ocean. Voyez comme chaque vague est née de l'océan, soutenue par l'ocean et retourne finalement à l'océan.
C'est exactement comme ça que Madhva decrit les relations entre les les âmes infividuelles et le Seigneur Vishnou. Et voyez comme chaque vague est différente des autres et différente de l'ocean lui même. Reconnaissez là cette célèbre doctrine de la différence. Voyez comment les vagues dépendent de l'océan pour leur existence mais l'océan existe indépendamment des vagues.
C'est ainsi que Madhva enseigne que les âmes dépendent du seigneur Vishnou pour leur existence mais que le seigneur lui-même est indépendant de Sa création.
Les deux autres moines écoutèrent attentivement puis le second moine, disciple de Ramanuha, prit la parole et dit :
" Je comprends votre point de vue mais comme vous pouvez le voir, chaque vague est une partie de l'océan. Le vaste océan possède d'innombrables vagues tout comme le Seigneur Vishnou possède d'innombrables attributs divins comme l'a dit Ramanuja. Et chaque vague est une infime partie du vaste océan tout comme chaque âme est une petite étincelle de la divinité infinie de Vishnou. Toutes les vagues sont des attributs ou des aspects de l'océan comme le monde et les âmes sont des aspects divers du Seigneur Vishnou comme Ramanuja nous l'a enseigné.
Après une longue pause, le troisième moines qui était un disciple de Çankara dit aux autres.
" Ce que vous avez dit n'a aucun sens pour moi."
- Quoi ! Se sont-ils exclamé. Tu ne vois pas les vagues ?
- De quelles vagues parlez vous ?
- Ne vois tu pas l'océan ont-ils demandé?
- Quel ocean ? a-t-il dit.
- Alors qu'est ce que tu vois ? demandèrent-ils.
- De l'eau, je ne vois que de l'eau. Il n'y a que de l'eau juste comme Shankara à dit que tout ce qui existe est Brahman seul.
Les trois sadhus sur la plage ont continué à se disputer tard dans la nuit. Qui pensez vous à gagné ? Aucun d'entre eux. Chacun était attaché à son propre point de vue. Les trois explications étaient correctes d'après leur point de vue respectifs. Pendant qu'ils se disputaient, ils ne pouvaient pas profiter de la beauté du vaste océan. Il en est de même pour les arguments concernant dvaita, visishtadvaita, et advaita. Chacune des trois positions peut être considérée comme correcte à partir de son propre point de vue. Se disputer à leur sujet ne fait que vous emmêler dans un tissu de mots et de logiques du mental et vous empêche d'apprécier la beauté de la Vérité telle que vous l'envisager.