Dieu évident pour tous . (de Arthur Anglemont)

DIEU
ÉVIDENT POUR TOUS
Dieu Infiniversel.
D. - Ne peut-on concevoir lous les êtres qu'embrasse l'Univers comme s'administrant et se faisant subsister par eux-mêmes, sans avoir besoin d'autre direction que la leur, avant à leur aide les lois naturelles qui font surgir les phénomènes de la matière; car la nature ne vit-elle pas toute seule, sans aucune main invisible qui la régisse!
R. - La science actuelle prélend, en effet, que celte direction de la nalure provient de lois entièrement aveu-gles; cependant, ce sont ces lois qui accomplissent toutes les révolutions des astres, toules les fonctions biologiques des corps organisés, avec la plus grande rectitude. Si ces lois sont aveugles, elles n'agissent qu'au hasard, et comme le hasard n'est aufre chose que le manque de direction qui se traduit par la non intelligence agissante. serait-ce donc cette non intelligence éternelle, universelle et ubiquitaire des lois, qui aurait tout créé, qui créerait sans cesse et qui ferait tout subsister, ce qui est entièrement contraire au plus simple bon sens ?
D. - Admettant que l'intelligence soit inséparable de la loi, ne peut-on concevoir que cette intelligence qui serait en elle, se manifeste d'elle-mème, c'est-à-dire sans le concours d'aucun être ?
R. - Ce qui est intelligent ne peut provenir que de la pensée qui le formule, car c'est la pensée qui seule peut disposer. agencer, combiner toutes choses; si donc la loi DIEL INFINIVERSEL
est intelligente, c'est qu'elle est l'émanation de la pensée qui la dirige en tout ce qu'elle réalise. Or, il est impossible de concevoir la pensée se produisant indépendamment de l'être qui est son générateur, et qui, pour cette manifestation pensante, est nécessairement organisé. Dès lors, les lois de la nature ne sont douées d'intelligence que sous la direction de la pensée qui les prédispose, qui les applique, car la loi n'est pas pensante par elle-même. mais elle exprime simplement l'injonction de la volonte étrangère qu'elle reproduit toujours avec la même lide-lite. Ainsi, il n'y a aucune loi agissante qui puisse se manifester toute seule, indépendamment de la pensée qui la dirige, autrement elle irait à la dérive comme celui qui voudrait suivre une route, les yeux bandés, et qui ne pourrait faire une centaine de pas sans tomber dans le fossé.
D. --Comment admettre que les lois de la nature soient régies par une pensée intelligente, par un être supérieur reconnu sous le nom d'être divin, du moment où cet être serait un pur esprit, dénué de toute substance, et, par conséquent, inorganisé ?
R. - C'est précisément parce qu'on veut voir dans l'Etre divin, parce qu'on veut voir en Dieu un pur esprit, qu'il est entièrement inexplicable, car un pur esprit qui serait dénué de toute substance, si subtile, si insaisissable fût-elle en sa ténuité, ne serait autre chose que le vide absolu, que le néant, et ce pur esprit n'étant rien, serait impuissant à se manifester sous aucun aspect. Mais lout au contraire, Dieu qui est la pensée et l'intelligence suprême, est en soi tout ce qui existe, il est le firmament sans limiles, embrassant l'infini des astres, il est le Grand Tout des existences et des espèces, et c'est par elies qu'il possède toutes les formes de vie. Ainsi, nous voyons Dieu quand nous vovons la voute étoilée des cieux; il cesse alors d'être pour nous une vague abstraction, et il nous apparait dans la substance vivante de l'univers des uni-vers. Dieu existe donc substantiellement par la somme ahsolue des êtres.

DIEL INFINIVERSEI.
L'horreur profonde que les spiritualises éprouvent pour la matière leur a fait méconnaître qu'il pourrait exister d'autres types fondamentaux de subslance bien supérieurs à celui avec lequel nous sommes conformés ici-bas. Dès lors, ils n'ont pas su comprendre que l'Etre des Etres auquel, cependant, ils reconnaissent le pouvoir suprème, puisse faire naître des types de substance tellement parfaits, tellement subtils par leur incomparable ténuité, tellement accomplis, que se rapprochant de la spiritualité, ils soient dignes d'ètre appropriés et assimilés par Dieu personnellement, quand on le considère dans sa personnalité, tandis que les autres types de substance composent tout ce qui lui est impersonnel. C'est pourquoi Dieu comporte en soi toute substance, la sienne et celle de tous les êtres qui ne sont qu'un avec lui.
D. -- Si Dieu est formé par tous les êtres, ne se confond-il pas avec eux, et ainsi il n'aurait pas d'individualité ?
R. - Notre corps humain n'est-il pas composé par une quantité innombrable d'animalcules inicroscopiques et de petits végétaux également impalpables qui sont autant d'individus jouissant de leur existence propre, sans compter les atomes minéraux qui sont également des êtres à leur manière? Eh bien ! ce corps qui nous appar-tient, qui fait voir la formation de notre individu, apparaît néanmoins dans toute son unité libre et indépen-dante, malgré le nombre considérable des petits êtres qui concourent à sa formation.
Il en est de même de l'être divin que l'on peut consi. dérer comme résultant de la somme totale, absolue des êtres, sans qu'il cesse pour cela d'être la grande unité des unités; sous l'aspect du Grand Tout infini, s'appartenant à lui-mème, il est Dieu Infincersel (à la fois universel et intini), parce qu'il est formé par la totalte des existeuces qui occupe l'espace sans limites. Cela est si vrai, que supprimant par la pensée tous les êtres du Grand Tout divin, il ne resterait plus que néant.
D. - Est-ce un Dieu unique, indivisible en son unité divine, qui régit simultanément l'existence universelle?
DIET INFINIVERSEL
R. -- Si Dieu est à la fois unique et infini, il ne peut adopter aucune forme, il est inorganisé, et dès lors il est impuissant à exercer la pensée, comme nous le serions à défaut du cerveau et des divers organes qu'il comporte.
En ces conditions, Dieu se montrerait impersonnel, car il serait dépourvu de tous les caractères de la personnalité, il lui manquerait le sens intime qui est le sentiment de sa propre existence, il lui manquerait les appréciations des sens, les sentiments affectifs, il lui manquerait l'intel-ligence, et en un mot, tout ce qui caractérise l'être pen-sant. Sous cet aspect, l'être divin serait inférieur à l'homme. Voilà pourquoi Dieu, qui est l'ère pensant suprème, est doué nécessairement d'un organisme, instrument de la pensée; mais comme tout organisme se com pose d'organes finis, chacun présentant la forme particulière à la fonction qu'il exerce, Dieu pour penser doit être fini, afin d'être en possession d'organes qui ne peuvent être que finis aussi.
D. -- Comment concilier Dieu infini qui n'a pas la pensée, avec Dieu fini auquel il manque l'infinité ?
R. - Dieu fini n'est Dieu qu'aulant qu'il embrasse une immensité considérable dans laquelle il subsiste, et qu'il comprend ainsi en soi une réduction de. la hiérarchie spécifique universelle lui donnant l'aspect du Grand Tout qui est Dieu infiniversel, c'est-à-dire qu'il renferme en soi un firmament aux proportions incommensurables, fraction du grand firmament infini. Et alors en vertu de cette ressemblance, ce grand être prend la dénomination d'Omnivers divin, ou simplement d'Omnivers.
Cet être divin, se multipliant à l'infini pour occuper tout espace, est Dieu infini en mème temps qu'il est orga-misé. Il a ainsi tout pouvoir pour exercer les facultés de la pensée et pour appliquer les lois universelles dans l'infini des infinis, puisqu'il réside en tout et partout, et alors Je centre dirigeant divin, au lieu d'être unique, est infiniment multiple en toutes les immensités, qui ainsi peuvent recevoir !es lois qui les régissent avec la plus grande rec-titude.

Oui, Dieu est évident, enfin, pas pour tout le monde, sinon il n'y aurait pas d'athées.