Son rythme est entrainant, la mélodie est facile à retenir. Dans l'un de ses couplets, une expression a scandalisé plus d'un esprit mal forgé :
"qu'un sang impur abreuve nos sillons"
La traduction qui en est faite depuis la fin du XXe siècle serait risible si elle ne s'était pas autant généralisée. Rappelons dans un premier temps qu'en histoire il n'y a que deux crimes : l'anachronisme et jouer à l'"histoire-fiction". En l’occurrence, nos contemporains considèrent que cette phrase est proche de l'idéologie nazie. On considère le sang impur comme celui de l'étranger, les sillons devenant les tranchées des batailles.
Il est triste de devoir faire un rappel historique basique. Avant la Révolution, la société est divisée selon l'origine familiale. Vous êtes nobles, car vous avez du sang noble, votre supériorité vis-à-vis du reste du peuple ne vient que de là. Un noble est supérieur à un paysan par son sang. Quand les soldats français s'époumonaient "qu'un sang impur abreuve nos sillons", ils ne parlaient pas des étrangers.
Le sang impur ce n'était que le leur, les sillons n'étaient par ailleurs que des sillons, n'oublions pas que la France d'alors est agricole. Il s'agit d'une phrase symbolisant le sacrifice, les républicains d'alors étaient fiers de verser leur sale sang sur le champ d'honneur. Ils ne considéraient qu'une chose, mieux vaut tapisser tout le territoire national de sang plutôt que de se rendre.
S'indigner de cette phrase est grave. Quitte à nous bombarder d'identité nationale et d'autres expressions grandiloquentes qu'on commence d'abord à enseigner la Marseillaise aux écoliers. Mais enseigner ne veut pas dire apprendre par cœur un chant, enseigner veut dire faire comprendre ce chant, ce qu'il représente.
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