Pour parler de foi, voici un témoignage pour le moins surprenant que je viens de découvrir en faisant quelques recherches, celui d'une certaine Madame Guyon. Alors, je poste un résumé de cette histoire selon les cahiers d'Etienne Perrot et que je viendrais documenter bien sûr par la suite. On comprendra à la lecture de ce témoignage tout ce qui retenait l'attention de l'auteur en matière de foi, ou de croyance selon ce que certains appelent le don de dieu par la grâce de sa présence:
"Madame GUYON se place à l'apogée du siècle de Louis XIV. Elle présente un phénomène historique extraordinaire. C'est une femme qui a fait une expérience intérieure toute seule et guidée par des prêtres qu'elle avait rencontrés et qui l'ont placée en possession de son monde intérieur. Cette expérience intérieure a compris sept années de mort totale. Puis elle s'est trouvée comme investie d'une lumière dont on lui a montré du dedans qu'elle devait la propager.
Elle a commencé à avoir des injonctions intérieures:" il faut que tu partes à Genève." Elle ne voulait pas. Elle était d'une grande famille, elle était mariée à l'un des hommes les plus riches du pays. Une de ses filles a épousé le fils du surintendant Fouquet. Elle occupait donc une place enviable dans le siècle.
Et puis , elle a commencé à entendre cette voix. Elle venait à Paris se confesser et elle entendait le confesseur lui dire: Madame, je ne vous connais pas, je ne sais pas si vous êtes fille, veuve ou épouse, mais quelque chose me dit que Dieu vous veut à Genève".
Et finalement, elle écrit cette phrase qui a été une phrase de destin pour moi :" JE ME RESOLUS DE PARTIR COMME UNE FOLLE".
C'est un peu Jeanne d'Arc. Elle a commencé une existence aventureuse où elle prêchait le royaume intérieur. A l'époque, ce n'était pas tellement commode. Elle était bien accueillie, et puis les évêques voyaient qu'on faisait la queue à sa porte. Elle devenait indésirable, on la faisait passer ailleurs. Genève, c'était le protestantisme. Elle se sentait attirée sans doute par la conversion des protestants. Il y avait un ordre fondé pour recevoir les convertis du protestantisme, ce qu'on appelait"les nouvelles catholiques". Elle s'est installée à la frontière, à Gex. Et là, on a voulu lui mettre la main dessus, la congrégation a voulu la prendre, se l'adjoindre, d'autant plus qu'elle était très riche.
Alors elle est partie, en se faisant des ennemis naturellement, et elle a fini par se retrouver Paris. Elle avait publié un ou deux ouvrages, dont l'un s'intitule: "Le moyen court de faire oraison et de parvenir à Dieu", qui avait eu le plus grand succès et qui étaient approuvés par l'Eglise. Dans tout cela, elle savait qu'elle était entrée dans la nouvelle phase de sa vie qu'elle appelait apostolique.
A Paris elle a été reçue par des gens qui étaient très bien en cour et on a fini par lui présenter quelqu'un qu'elle avait vu huit ans auparavant en rêve. Ele avait vu "l'homme qui serait sa bouche".
Depuis écrit-elle, "je le cherchais partout sans le rencontrer". Et huit ans plus tard, en 1688, on lui a fait rencontrer Fénelon.
Fènelon était déjà un des premiers ecclésiastiques du royaume, mais il était complètement déchiré par le scrupule, la sècheresse.
En la voyant il a été d'abord horripilé par la volubilité de cette femme, par cette espèce de liberté extraordinaire avec laquelle elle parlait du monde intérieur. Tout le heurtait, sur le plan humain, car lui-même était précautionné, comme il dit, prudent, réservé.
Et il s'est rendu compte que c'était elle qui pouvait ouvrir la source qui était en lui."
Etienne PERROT
extrait cahier 22 1983
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