Grâce à une plateforme dédiée qui se clôture vendredi, le Sénat a recueilli une centaine de témoignages des proches de paysans ayant mis fin à leurs jours. Les élus espèrent identifier davantage les causes du problème et mieux le prévenir.
Le fléau du suicide dans le monde agricole est une réalité. Selon les dernières données disponibles de la Mutualité sociale agricole (MSA), 605 paysans (496 hommes et 109 femmes) se sont ôté la vie en 2015, les plus de 65 ans étant les plus touchés. Un taux supérieur de 12,62% par rapport au reste de la population.
Pour mieux identifier, comprendre et prévenir ces drames, le Sénat s'est doté en 2019 d'un groupe de travail transpartisan, piloté par Françoise Férat (groupe Union centriste) et Henri Cabanel (groupe RDSE, à majorité radicale) qui, en parallèle de ses auditions - perturbées par le Covid-19 et les échéances électorales -, a lancé le 9 décembre et jusqu'à vendredi une plateforme en ligne pour recueillir des témoignages des proches d'agriculteurs ayant mis fin à leurs jours.
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Mardi, 116 personnes avaient répondu au questionnaire, le sénateur en vise «environ 120» d'ici vendredi. Ensuite viendra le temps «d'analyser ces écrits», puis de partir à la rencontre de certaines de ces familles décimées mais aussi des associations, indique l'élu, viticulteur dans l'Hérault.
Premier déplacement prévu le 15 janvier avec Sophie Primas, présidente de la Commission des affaires économiques, dans le département du Morbihan où dominent les filières bovin-viande et bovin-lait, «les plus touchées par les suicides, d'après notre interlocuteur. Ce sont celles avec du vivant qui nécessitent qu'on s'occupe des animaux sept jours sur sept, sur lesquelles pèsent de nombreux risques sanitaires et économiques». On le sait, les facteurs du passage à l'acte sont multiples : difficultés financières, importante charge de travail, problèmes d'ordre personnel, lourdeurs réglementaires et administratives, isolement et solitude, critiques du modèle agricole conventionnel… Henri Cabanel martèle «la nécessité d'aller vers ces populations en difficultés» qui, bien souvent, se renferment sur elles-mêmes.
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