Le royaume : une question de vie et de mort

Pour ouvrir la porte du Royaume, nous avons déjà la clé.

Il n’est de royauté véritable que celle du service. La chose n’est pas nouvelle, mais tellement fondamentale qu’il ne faut pas s’étonner de la retrouver encore une fois, et jusque dans ce texte.

On aura pu remarquer que les deux panneaux de la fresque se correspondent pratiquement mot pour mot. Sauf au verset 44 qui abrège les trois versets correspondants (37-39). Un seul verbe résume tout : « servir ». Hériteront du Royaume, deviendront rois comme Jésus et comme le Père, ceux qui auront « servi », qui se seront faits les serviteurs de leurs frères. On pourrait penser que le tableau dressé par Jésus regarde le futur, et même un futur fort lointain. C’est ce que laisse entendre le titre traditionnel de « jugement dernier » : le Fils de l’homme reviendra, oui, mais à la fin des temps, et il y aura belle lurette que nous serons morts et enterrés. Mais projeter ainsi la scène à la fin, lors d’un jugement définitif, c’est une manière de dire qu’il s’agit d’un problème capital : c’est une question de vie et de mort ; le texte s’achève d’ailleurs sur « la vie éternelle ». La décision la plus radicale, ce n’est pas celle du juge à venir, mais celle plutôt de celui qui doit choisir aujourd’hui de quel côté se ranger : du côté des justes ou de ceux qui font le mal.

Pour comprendre l’enjeu d’un texte qui nous projette si loin dans l’avenir, il faut retourner très loin en arrière. Les paroles de Jésus sont à lire à la lumière du chapitre 30 du Deutéronome : la voix de Moïse nous les fait entendre au présent : « Vois, je te propose aujourd’hui vie et bonheur, mort et malheur ». Et encore : « Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que toi et ta postérité vous viviez ».

Où donc est ce Royaume ?
C’est toujours ce même chapitre 30 du Deutéronome qui nous répond : la clé qui permet d’ouvrir la porte du Royaume de Dieu est entre nos mains : « Car ce commandement que moi je te commande aujourd’hui n’est pas impossible pour toi ni loin de toi. Il n’est pas dans le ciel, que tu dises : “Qui montera pour nous au ciel pour le prendre et nous le faire entendre, afin que nous le pratiquions ?” Il n’est pas au-delà de la mer, que tu dises : “Qui passera pour nous au-delà de la mer pour le prendre et nous le faire entendre, afin que nous le pratiquions ?” Car tout près de toi est la parole, dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la pratiques » (11-14).

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