Observons un cercle. Ce n'est pas un cercle.
C'est l'image d'un cercle bien sûr.
Comment l'obtient-on ? En utilisant un compas. Mais le compas serait totalement inutile si on n'avait pas en tête l'idée du cercle.
Et l'idée du cercle, si elle peut nous venir en voyant des objets de forme circulaire, ne se trouve réalisée en tant qu'idée que dans sa définition.
Par exemple un cercle est un ensemble de points à égale distance d'un autre point. Ce n'est donc que dans son idée parfaitement réalisée en tant qu'idée que le cercle existe. Tout le reste n'est que ressemblance, imitation, copie.
Il y a donc les cercles empiriques et le cercle idéal, celui qui se trouve dans sa définition. Les cercles empiriques sont nécessairement imparfaits ; le cercle idéal seul est parfait ; et c'est lui qui sert de schéma parfaitement déterminé pour produire les cercles empiriques.
De là on tire le fait que la perfection, qui n'existe pas dans la réalité empirique, est néanmoins absolument nécessaire comme entité rationnelle ; et pas n'importe laquelle ; celle qui détermine idéalement toutes les autres entités rationnelles (le beau, le vrai, le juste, etc.*) et détermine également les schémas des entités empiriques.
La conclusion qui peut être tirée de cette réflexion est celle de la nécessité de l'idée de perfection.
Evidemment , ce n'est pas un mystère, cela conduit à l'idée de Dieu, qui se définit précisément en tant que parfait. Ce qui ne prouve absolument pas que Dieu existe ; seulement que Dieu est une donnée essentielle de la raison : l'idée même de perfection, d'où dérivent toutes les applications de cette idée telles que le cercle, etc.
La boucle est bouclée.
* C'est ainsi que l'on peut envisager de définir ce qu'est le beau parfait, le vrai parfait, etc. Autrement dit exprimer l'idée parfaitement adéquate à ce qu'est le beau, le vrai, etc.