Joyeux Noël à tous
Mais au fait, connaissons-nous vraiment son origine?
Contrairement à ce que l'on croit souvent, Noël n'est pas à l'origine une fête chrétienne. En effet les premiers chrétiens ne connaissaient pas Noël mais fêtaient Pâques comme anniversaire de la Résurrection. Il faudra attendre le IVe siècle pour que Noël soit fêté à Rome, puis en Afrique et en Orient. En fait, Noël a pour origine un rite païen christianisé par l'Eglise. Dans l'Empire romain, les Saturnales duraient du 17 au 23 décembre. Elles étaient célébrées en l'honneur de Saturne et comportaient des sacrifices d'enfants. A Rome même, la fête s'étant humanisée, elle devint la fête des tous petits.
A partir de l'empereur Aurélien (212-275), on honora à Rome la naissance du Soleil vainqueur (dies natalis solis invicti). La célébration du Rédempteur solaire étant un culte universel, elle était partie intégrante de toutes les religions. Ce culte était célébré chez les Egyptiens le 6 janvier, date reprise et abondamment utilisée à Rome. Il y avait aussi le culte très populaire de la naissance de Mithra dans une grotte le 25 décembre, jour du solstice d'hiver, période où l'impulsion de vie (l'âme du monde) est au plus profond des ténèbres, ou à son point le plus hivernal. Comme partout ailleurs, les païens (profanes et initiés) célébraient en grande pompe la résurrection du Soleil et celle de la nature. Finalement, c'est l'empereur romain Constantin qui trancha en faveur de la symbolique solaire du solstice et on transféra la naissance du 6 janvier au 25 décembre. Et puisque l'Eglise ignorait la date de naissance de Jésus-Christ, Constantin lui choisit celle du 25 décembre.
En Europe du Nord, on célébrait la fête des Yules (fête des morts, du feu et de la fécondité). Les Juhles représentaient des génies aériens vivant dans les arbres, qui pendant la saison froide avaient l'habitude de prendre les offrandes de victuailles accrochées dans les branches à leur intention. (c'est devenu le sapin de Noël). Il y avait aussi le Dieu Odin, que l'on représentait parcourant les forêts à cheval, distribuant des bûches pour faire jaillir la lumière ou apportant des dons à ceux qui le priaient. Toutes ces traditions donnèrent naissance à des personnages mythiques comme saint Nicolas ou le Père-Noël, lequel vit le jour aux Etats-Unis, au milieu du XIXe siècle, sous la plume du dessinateur Thomas Nast ! Voilà l'origine de cette fête aussi populaire que sacrée.
Dans le même ordre d'idée, c'est en se rapportant aux périodes du solstice que fut établie l'histoire de Jean le Baptiste dont la naissance, elle aussi historiquement ignorée, fut fixée au 24 juin par l’Eglise catholique pendant le solstice d'été, moment où les jours commencent à diminuer. En fait, la fête de la Saint-Jean s’est substituée à une fête païenne pendant laquelle on allumait sur les hauteurs de grands feux à la gloire du soleil.
Les Evangiles n'ont rien d'historique (ou si peu) mais sont d'une richesse inépuisable en termes d'allégories et de symboles. Dans la vie du maître Jésus nous avons maints exemples d'allégories transformées en faits historiques. Tout le monde se souvient qu'à la mort de Jésus sur la croix, les ténèbres couvrirent la surface de la terre. Ce phénomène n'a rien de surnaturel. Ne dit-on pas qu'au moment de la mort de Romulus, le Fondateur de Rome, il y eut une éclipse solaire ! Lorsque mourut le Seigneur Bouddha, le Soleil, la Lune et les étoiles cessèrent d'être visibles. Comme les Avatars sont toujours associés dans la symbolique au rythme solaire, le Christ naquit au solstice d'hiver à l'heure annelle où le Soleil, remontant sur l'écliptique, sort du sein de la mère obscure ou Vierge cosmique. Il se transfigure sur la montagne au solstice d'été quand le Soleil triomphe au plus haut de sa course héliaque, et il ressuscite avec la nature au retour du printemps, tout comme l'Ormuzd des Perses, l'Osiris des Egyptiens ou le Dionysos des Grecs.
La fête de Noël, le 25 décembre, est maintenant entrée profondément dans la vie des chrétiens et personne ne semble s'en plaindre, d'autant qu'il s'agit d'une journée festive devenue presque mondiale. C'est une fête génératrice de bénéfices commerciaux et un prétexte à festoyer et à se réjouir. On est bien loin de l'attitude voulue par Jésus qui, s'il était parmi nous, nous conseillerait très probablement de jeûner, de prier et de faire silence pour que notre âme, avide de la Présence (christique ou bouddhique selon les convictions), puisse faire entendre son cri au moment de sa naissance dans la grotte de notre cœur purifié.
Certes, nous ne sommes pas tous sur le sentier de la réalisation du Soi divin réel, mais en ce jour de Noël 2016, je ne pourrai pas m'empêcher de penser aux millions d’êtres souffrants et seuls. J'y penserai et pour concrétiser ma prière je m'abstiendrai de tout excès et continuerai de les aider à ma manière et selon mes moyens. Tout en associant notre joie à celle des autres, ne les oublions pas, pas plus que nous ne devrions oublier la vérité qui se cache derrière cette fête si belle et si inspirante.
Permettez-moi de souhaiter à chacun d'entre vous un joyeux Noël et une Nouvelle Année pleine de belles perspectives de progrès.
Fraternellement et dans l'unité avec tous.
Michel Coquet (3 décembre 2016)