Une belle analyse de Mozart et une question intéressante de Redwan.
Lorsque Nietzsche nous annonce la mort de Dieu, il parle en effet du dieu chrétien plus que de Jésus. Un Dieu construit par les hommes et par leurs dogmes religieux. On pourrait même dire selon l'exemple de Mozart que le message de Jésus serait : Le dieu vengeur, le dieu colère est mort, voici le temps du fils de Dieu, celui de l'amour. Jésus interroge les conscience, là où ses prédécesseurs imposaient leurs lois.
Mais Nietzsche évoque aussi l'ombre de Dieu qui continue de gouverner. C'est à dire, les dogmes chrétiens, qui démarrent avec St Paul et dont Constantin comprend bien les implications. En libérant l'homme des lois, en ne lui laissant comme juge que sa seule conscience, on ne fonde pas de civilisation, ni de société. Or, le christianisme a fondé une civilisation et à partir de là une société humaine, donc imparfaite et toujours critiquable philosophiquement.
C'est en ce sens, à mon avis, que Nietzsche en appelle au surhomme. L'homme d'après l'homme (et pas superman). Un homme capable de célébrer la Vie, de l'aimer telle qu'elle se présente (Amor Fati), qui ne garde pas de rancune envers son prochain, et rejette toute forme d'oppression.
L'homme qui accepte la main mise de la société est un esclave, possédant une morale d'esclave fondée sur des préjugés. Il réclame justice, mais c'est pour remplacer la justice dont il souffre par la sienne qui fera souffrir les autres, au nom du "Bien" qu'il prétend défendre.
Le surhomme ne réclame rien. Il vit en harmonie avec la terre et accepte son destin. Il méprise la morale humaine qu'il appelle "moraline" et qui est le paravent derrière lequel se cachent nos lâchetés quotidiennes.
Mais ce genre de raisonnement amène soit à la crucifixion (Jésus), soit à la folie (Nietzsche).
Dans le monde d'aujourd'hui, vivre comme Jésus amène à l'exclusion, y compris celle de l'église. Vivre comme Nietzsche amène à la rébellion contre toutes formes d'institutions et donc à l'exclusion également.
Mais chacun peut constater que vivre dans le monde tel qu'il est amène à une souffrance morale permanente, à subir les injustices, etc.
Vivre en philosophe est donc bien compliqué. Mais c'est également passionnant...