Le roman, d'environ 500 pages, est une œuvre complexe s'inspirant de faits réels (l'attentat contre un avion d'Air India en 1985, les émeutes de Brixton en 1981 et 1985, la ferveur populaire autour de l'acteur indien Amitabh Bachchan à la suite d'un accident de tournage en 1982, la noyade tragique en 1983 de plusieurs adeptes chiites d'un illuminé qui les avait convaincus que la mer allait s'ouvrir devant eux, la révolution iranienne de 1979), de références biographiques portant sur l'auteur lui-même ou son entourage, ainsi que de faits historiques inspirés du prophète Mahomet, légendaires (tel l'épisode dit des versets sataniques, expliqué plus bas, et qui donne son titre au livre) ou imaginaires. Il repose sur un thème central qu'on retrouve dans d'autres ouvrages de l'auteur : le déracinement de l'immigré, déchiré entre sa culture d'origine dont il s'éloigne et la culture de son pays d'accueil qu'il souhaite ardemment acquérir, et la difficulté de cette métamorphose. Le roman établit des ponts entre Inde et Grande-Bretagne, passé et présent, imaginaire et réalité, et aborde de nombreux autres thèmes, la foi, la tentation, le fanatisme religieux, le racisme, les brutalités policières, les provocations politiques, la maladie, la mort, la vengeance, le pardon…
Il est constitué de neuf chapitres. Les chapitres impairs décrivent les pérégrinations des deux personnages principaux, Gibreel Farishta et Saladin Chamcha. Les chapitres pairs sont les narrations des rêves et cauchemars de Gibreel Farishta. Ce dernier, un acteur renommé du cinéma indien, perd la foi à la suite d'une maladie et s'enfuit en Angleterre à la recherche d'une jeune femme qu'il a connue peu de temps auparavant. Saladin Chamcha est également d'origine indienne, mais est doté d'un passeport britannique, et dans toute son âme se veut britannique. Sa couleur de peau le fait se heurter aux préjugés et il gagne sa vie par le talent qu'il a de contrefaire sa voix. Se retrouvant tous deux dans un vol à destination de Londres, ils sont les seuls survivants d'un attentat terroriste. Arrivant indemnes sur une plage, ils sont confrontés à la police qui les soupçonne d'être des immigrés clandestins, mais seul Saladin Chamcha, pourtant le plus britannique des deux, est considéré comme le plus suspect et est arrêté sans ménagement, sans que Gibreel Farishta esquisse le moindre geste de solidarité. Les deux hommes, désormais séparés, et se vouant réciproquement une animosité certaine, vont évoluer chacun de leur côté au cours du roman, avant de se confronter l'un à l'autre.
Gibreel Farishta, objet d'hallucinations, fait plusieurs rêves. Ceux-ci font référence aux débuts des prédications d'un prophète monothéiste, Mahound, dans la ville de Jahiliya et les pressions auxquelles il est soumis, à un imam exilé d'un pays où il revient à la suite d'une révolution pour y dévorer son peuple (allusion à l'ayatollah Khomeini qui explique l'acharnement que l'Iran portera contre l'auteur), à une jeune fille qui convainc son village de se rendre à la Mecque en traversant à pied sec la mer d'Arabie. Ce sont certains passages de ces chapitres qui susciteront la colère d'une partie du monde musulman.