Actualités dans l'hindouisme

Loi pénalisant l'homosexualité

Mercredi 11 décembre la Cour suprême s'est prononcée pour le maintien de l'article 377 qui punit d'emprisonnement les
relations homosexuelles. L'homosexualité reste un tabou profondément ancré dans la société indienne, où la famille joue un rôle central. Rares sont ceux qui osent assumer leur orientation sexuelle, et résister à la pression du sacro-saint mariage. Un sondage effectué l'été dernier pour Hindustan Times révèle que 70 % des Indiens sont opposés à la légalisation de l'homosexualité, et 3 sur 5 considèrent que c'est une maladie. Le Népal est le seul pays, en Asie du Sud, à ne pas pénaliser l'homosexualité.

Les leaders religieux hindous sont divisés.
Pour Sri Ravi Shankar, l'homosexualité n'est pas un crime, chaque être est à la fois homme et femme, et ses tendances peuvent changer. Il dit que rien ne permet de considérer l'homosexualité comme un crime dans la culture hindoue.
Pour Sri Ramdev, au contraire, l'homosexualité est une maladie, il prétend pouvoir soigner les homosexuels. Il a déclaré
« Si nos parents avaient été homosexuels nous ne serions pas nés. C'est donc contre nature ».

Le problème ne viendrait pas tant des Ecritures que de la tradition. En Inde, le célibat est associé à la sainteté. Le sexe est seulement permis dans le cadre du mariage. Dans les lois de manou, datant de plusieurs siècles avant JC, le sexe "ayoni", c'est à dire non vaginal, qu'il soit homo ou hétérosexuel, est considéré comme impur, toutefois cela est moins grave que l'adultère ou le viol.

Rare unité religieuse autour de la décision de la cour suprême condamnant l'homosexualité.
(source Dnaindia.com/india/report-rare-unity-religious-leaders-come-out-in-support-of-section-377-1933612)

Le conseil hindou, par la voix de son vice président Om Prakash Singhal, a déclaré que c'était une sage décision. "L'homosexualité est contre la culture indienne, contre la nature et contre la science. Nous régressons comme quand nous étions semblables à des animaux. La décision de la CS protège notre culture."

Le maulana Madni représentant des musulmans a fait écho des mêmes préjugés homophobes. Il a déclaré "selon les Ecritures, l'homosexualité n'est pas naturelle. Dans une société, une famille est composée d'un homme et une femme, pas une femme et une femme, ou un homme et un homme. Si ces mêmes couples adoptent des enfants, l'enfant grandira avec une vision biaisée de la famille. La société se désagrégera. Si vous observez les pays occidentaux qui ont autorisé les mariages entre personnes de même sexe, vous verrez que dans ces pays, ils souffrent de troubles mentaux".

Le rabbin Ezekiel Issac Malekar, secrétaire honoraire de la Judah Hyam Synagogue, a soutenu le jugement : "Dans le Judaïsme, nos Écritures saintes ne permettent pas d'homosexualité. Vous devrez aussi prendre en considération les données démographiques de notre pays et sa construction multi-religieuse. Nous ne pouvons pas simplement imiter l'Occident."

Enfin le révérant Paul Swarup de la Cathédrale de la rédemption à Delhi a été moins direct, il a pourtant estimé que l'homosexualité n'est pas naturelle : "Spirituellement, des rapports sexuels humains sont identifiés comme ceux partagés par un homme et une femme. L'avis de la Cour suprême est une approbation de nos Écritures saintes."

Les lois anti conversion

Plusieurs états de l'union indienne ont adopté des lois anti-conversion face au prosélytisme agressif et aux tentatives de corruption de missionnaires chrétiens ou musulmans. La semaine dernière dans le Karnataka, ce sont 3 personnes originaires du Gujarat  qui ont été arrêtés soupçonnés de vouloir convertir des hindous à l'islam. Ce 10 décembre dernier, 2 femmes qui distribuaient des libres et des brochures chrétiennes incitant à la conversion ont été interpellées puis relâchées. Le conseil hindou accuse la police de ne pas être assez active pour faire respecter ces lois.

Citation :

Après plusieurs autres Etats indiens, le gouvernement du Madhya Pradesh a voté début juillet un amendement durcissant la loi anti-conversion. Il oblige les ministres des cultes d’annoncer dans les tente jours la conversion d’une personne hindoue à une autre religion.

Dans le cas contraire, le prêtre, pasteur ou imam risque une amende de 50'000 roupies (600 euros) et jusqu’à trois ans de prison. Si la personne nouvellement convertie est mineure ou hors caste, la peine est encore plus lourde. Par contre, une personne choisissant la religion hindoue n’a pas besoin de se signaler ou d’être signalée. L’amendement rend aussi obligatoire, pour les élèves de 6 à 8 ans, l’apprentissage d’un poème considéré comme fondateur de l’hindouisme.

Les chrétiens sont inquiets que ces mesures s’étendent à l’ensemble du pays et provoquent un changement dans la Constitution indienne, qui garantit jusqu'à présent la liberté religieuse.