Que savons-nous aujourd’hui des idolâtres, sinon ce qu’en disent les monothéismes ? Pouvaient-ils être à la fois bêtes pour adorer une pierre et suffisamment évolués pour penser la divinité ? Croyaient-ils réellement que la statue de pierre qu’ils adoraient était un Dieu, et en rendant un culte à une statue de pierre, adoraient-ils toutes les pierres ? Certainement pas !
D’évidence, l’idole n’était pour eux qu’un lieu de culte, un temple, un avatar, un symbole, et qu’au-delà de ce fétiche, c’est bien la divinité qu’ils adoraient. Que chacun ou chaque groupe ait eu une divinité en quoi cela diffère-t-il des monothéismes avec leurs différentes religions, leurs schismes et leurs nombreux lieux de culte ?
Ne voit-on pas par là que l’idolâtrie a été discréditée et diffamée par les monothéismes, qui ont tout simplement cherché à la supplanter ? Une banale concurrence de religions donc, comme il s’en produit encore aujourd’hui sous nos yeux et qui ont de tout temps existé.
Les monothéismes ont cherché à se substituer à d’autres religions. Pour cela, il leur fallait s’en différencier et innover. Ce faisant, et il est facile de le constater, ils ont marqué une régression par rapport aux religions précédentes. Là où l’idolâtre pouvait méditer en toute responsabilité et libre de ses pensées à la recherche de la divinité, les monothéismes ont imposé un carcan rigide abrutissant et stérilisant, faisant de la spiritualité, non pas un exercice libre et personnel comme doit l’être toute spiritualité, mais un exercice rigide, canalisé, collectif et impersonnel. La spiritualité s’en est trouvée dès lors quasiment vidée de son sens.
C’est certes une régression. Comment pouvait-on faire parler Dieu dans le langage des hommes sans le pervertir et l’appauvrir et comment pouvait-on contenir la parole de Dieu dans un simple livre ? Ce qui a semblé sans doute être une grande découverte en son temps aux yeux de ses auteurs, fut une grave erreur. Les monothéismes s’en sont d’ailleurs rendu compte par la suite, et, dans une tentative vaine de la corriger, ils ont fait se succéder plusieurs livres pour combler les lacunes et pallier les insuffisances. Comme cela ne pouvait suffire à embrasser Dieu dans toute sa grandeur, ils ont eu recours aux schismes et par la suite multiplié à n’en plus finir les interprétations, de plus en plus confuses. En vain. Cela n’a servi à rien. Dieu est trop grand pour être exprimé dans la langue triviale de l’homme. Et comme, en outre, faire parler Dieu dans un texte écrit, c’est exprimer publiquement et à haute voix la conception qu’on s’en fait, cela a donné toutes les guerres et les massacres que cela a engendré. Une seconde erreur donc qui a consisté à sortir la spiritualité de sa discrétion et à l’étaler au grand jour. Les monothéismes sont à l’origine, sinon ont porté à leur paroxysme, le prosélytisme et l’intolérance. Nul doute que l’avènement des monothéismes fut une régression, d’autant que les idolâtres auraient tout naturellement et inévitablement fini par découvrir tout seuls, si tant est que cela soit vraiment nécessaire, le Dieu unique, tout en le gardant dans la discrétion de leur cœur et sans les erreurs et les inconvénients des monothéismes.
Qu’en pensez-vous, si tant est que vous êtes fichus de comprendre ce que j’écris et capables de penser sans préjugés, ce dont je commence à douter ?