Au Nom de Dieu le Tout-Miséricordieux, Le Très-Miséricordieux
Biographie du Mawlana Rahmatoullah al Hindi 1. SA NAISSANCE ET SA GÉNÉALOGIEL'illustre Muhammad Rahmatullâh Ben Khalilurrahm al-'Uthmânî naquit dans la ville de Kiranah de la banlieue de New Delhi en Jumada Premier 1233 de l'Hégire correspondant au mois de Mars 1817. Issu d'une noble famille dont beaucoup de ses membres furent célèbres dans la province de Delhi comme Émirs, dirigeants, savants et médecins, sa généalogie remonte à l'Imam et troisième Calife 'Uthmân ibn 'Affân - que Dieu soit satisfait de lui - D'où son surnom al-'Uthmânî. Le premier de ses ancêtres venu en Inde fut le cheikh 'Abdurrahmân al-Kadhrunî qui accompagnait, comme Qadi Légal les armées musulmanes qui avaient conquis l'Inde sous le commandement du Sultan Mahmoud al-Ghaznawi. Le cheikh 'Abdurrahmân al-Kadhrunî s'installa dans la ville de Panipat où son Mausolée est connu encore de nos jours.
2. SA FORMATION Après avoir appris par coeur le Saint Coran et les livres d'initiation dans sa ville natale auprès des membres savants de sa famille, il prit la route de Delhi, la capitale de la science et des arts, et s'inscrivit dans une école religieuse où il reçut une formation dans les principales branches du savoir. Son amour pour la science et la connaissance le poussa ensuite vers la ville du Luknow, cité de la culture et de la civilisation, pour parfaire sa formation auprès de ses éminents savants et pour se spécialiser dans l'étude de la littérature persane et de la médecine. Après l'acquisition des sciences.Après l’acquisition des sciences religieuses et prophanes, il regagna sa ville natale kirana pour fonder sa propre école où il enseigna quelques années et forma beaucoup d’élèves qui sont devenus d’éminents savants de l’Inde, comme le cheikh ‘abdelwahâb, fondateur de la première école islamique de Madras, connue sous le nom de l’école de Albâqiyât al-sâlihat, qui constitue aujourd’hui la plus grande faculté de la grande cité de Madrassa au Sud de l’inde.
3. LA SITUATION GÉNÉRALE EN INDELa période pendant laquelle le cheikh vécut en Inde est l'un des moments historiques le plus difficile de ce pays marqué par le déclin de l'Empire mongol islamique après environ quatre siècles de pouvoir sur la plus grande partie de la péninsule indienne. En effet, ce déclin annonçait la montée en puissance de l'intervention du colonisateur étranger, à savoir les Anglais. C'était un moment où régnaient le désordre général sur le plan politique, l'insécurité et la déstabilisation sur le plan intérieur. Mais le plus grave s'était la domination des Anglais devenus maîtres de la situation. Ils disposaient à leur guise du pouvoir qu'ils utilisaient contre les Musulmans dans le but de détruire l'Empire qui n'était plus qu'une forme sans substance. C'est dire que le coup majeur était dirigé contre l'Islam et les Musulmans. Car les groupes des missionnaires chrétiens n'ont cessé, durant cette période, de sillonner l'Inde en long et en large pour mener une vaste campagne contre les dogmes islamiques, grâce à l'appui soutenu des Anglais. Au cours de ces moments difficiles, le cheikh Rahmatullâh fut la seule personne qui déclara, au péril de sa vie, le jihâd contre les Anglais. Ainsi, il invita le chef des missionnaires chrétiens, le prêtre Pfander à organiser un débat avec lui.
4. LE DÉBATLe prêtre Karl Pfander donna son accord pour l'organisation du débat dans la ville d'Ukhara, célèbre pour ses sites archéologiques. Les deux parties se mirent d'accord sur les thèmes suivants du débat:
a) Les altérations intervenues dans les évangiles et leurs absence dans le Saint Coran.
b) La divinité du Christ
c) La Trinité
d) La Confirmation de la mission divine de notre Maître Muhammad - que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix.Deux séances de ce débat furent à termes en présence du gouverneur de la ville, du commandant militaire, des hauts fonctionnaires, des conseillers du wali et du gouvernement, des savants, des Qadis et d'une foule nombreuse du peuple. Organisées dans une vaste salle publique, ces deux séances furent consacrées à l'examen de la question de l'altération des Évangiles. Le cheikh indiqua, preuve à l'appui, les passages où sévit l'altération dans le Texte des Évangiles. D'ailleurs, le prêtre en question reconnut publiquement avec les membres de son groupe huit passages où il y a altération dans ce Texte. En plus, les résultats de cette controverse dogmatique furent publiés par les journaux. Mais le prêtre refusa d'assister à la troisième séance et à celles qui lui ont succédé. De même, il fut incapable de répondre, dans la correspondance qu'ils se sont échangée par la suite sur certains points controversés, aux éclaircissements demandés par le cheikh.
Pourtant, l'une des conditions principales du débat stipulait que si le prêtre ne pouvait pas répondre aux questions, il devait embrasser l'Islam et que, de la même manière, si le cheikh Rahmatoullâh ne pouvait non plus répondre aux questions, il devait lui aussi embrasser le Christianisme. Or, le prêtre en question disparut complètement en Inde après sa défaite. Du reste, tous les thèmes discutés au cours de la dispute furent repris dans un livre intitulé
Al-Bahth al-sharîf fi ithbât al-naskh wa l-tahrîf (le Noble examen de la démonstration des altérations). Ce livre publié et largement diffusé renferme tous les détails de ce débat et toute la discussion échangés entre les deux parties. Mais certains thèmes, notamment la confirmation de la Prophétie de notre Maître Muhammad - que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix - dans certains passages des Évangiles, la non altération du Coran, l'affirmation de l'invalidité du dogme de la Trinité et de la divinité du Christ que la Paix soit avec lui -, ne furent pas traités au cours du débat en raison de la fuite du prêtre. Néanmoins, le cheikh les examina avec les preuves nécessaires dans ses œuvres et réfuta toutes les allégations à ce sujet.
5. SON ŒUVREBien qu'il à combattu la prédication chrétienne et à défendu l'Islam et qu'il fut obligé de se déplacer partout en Inde pour prononcer des prônes, tenir des débats et des controverses, et de diriger les groupes de jihâd, le cheikh Rahmatullâh laissa une œuvre importante dont voici les titres majeurs :
- lzâlat al-shukûk (Dissiper les Doutes) en deux volumes et en ourdou.
- Ijâzun 'isâwî (Une Inimitabilité Christique), en ourdou.
- AI-Burûq al-Lâmi'a (Les Éclairs Étincelants), en arabe.
- Taqlîb al-matâ'in (Le Renversement des Réfutations), en arabe.
- Mu'addal i'wijâj al-Mîzân (La Stabilisation du Déséquilibre de la Balance), en ourdou.
- Izâlat al-awhâm (Dissiper les illusions), en persan.
- Ahsan al-ahâdîth fi ibtâl al-tathlîth (Les Meilleurs Hadith sur la réfutation de la Trinité), en arabe.
- AI-Bahth al-sharîffi ithbât al-naskh wa 1-tahrîf (Le Noble exemple de la confirmation des altérations).
- Mi'yâr al-tahqîq (Le Critère de la Vérification).
Tous ces livres sur les réfutations dogmatiques ont été édités en Inde. Quant à son libre intitulé Idh-hâr al-haq, il sera évoqué dans les pages qui vont suivre.
Il faut dire que c'était une période au cours de laquelle le pouvoir des Musulmans et de l'Émir de l'Empire Mongol musulman commençait à rendre l'âme sous la domination anglaise, notamment à travers l'action de la compagnie des Indes. Cette domination s'était accentuée après la défaite dogmatique des Anglais lors du débat déjà évoquée. En effet, cette controverse dogmatique, conduite par le cheikh Rahmatullâh fut l'étincelle qui aiguisa dans les âmes des Musulmans l'ardeur de résistance ; d'où la formation des groupes du jihâd partout en Inde, notamment à Delhi et dans ses voisinages. Tous ces groupes étaient matériellement et moralement liés au cheikh Rahmatullâh. Mais la réaction des Anglais fus très brutale : installation de guillotines, élimination physique et massacres collectifs des Musulmans. Ils condamnèrent également à mort le cheikh Rahmatullâh, promirent à celui qui le dénoncerait une récompense atteignant mille roubles, exproprièrent tous ses biens et soumirent ses résidences à une longue surveillance. Dans ces conditions, le cheikh Rahmatullâh n'eut plus d'autre choix que celui de fuir l'Inde et de se réfugier dans la Mosquée Sacrée. Il quitta ainsi sa famille, son école et ses biens et arriva déguisé à la Sainte Mecque par le Yémen en 1274 de l'Hégire après avoir passé deux années dans un voyage périlleux à travers les déserts et les mers. Voilà ce qu'endura le cheikh pour défendre l'Islam.
6. LE CHEIKH RAHMATULLAH DANS LA SAINTE MECQUELors de son arrivée dans la Sainte Mecque, le cheikh Ahmed Zayni Dahlan était le chef de file des savants, l'imam et le khatîb (celui qui fait le Prône) de la Mosquée Sacrée. De son côté, le Chérif 'Abdullâh ibn 'Aoun était le Wali de la Mecque. Le cheikh Rahmatullâh se mit à fréquenter le cercle d'étude dirigé par le cheikh Ahmed Dahlan après la prière du l'aube dans la Mosquée Sacrée. A la suite d'une question posée par le nouveau disciple et de la discussion qui l'a suivie, le cheikh Ahmed se rendit compte que le questionneur n'était pas un novice mais un illustre savant. Le cheikh Dahlan prit alors la main du cheikh Rahmatullâh et lui demanda de révéler sa véritable identité. Devant le bref récit que le nouveau venu fit des horreurs qu'il avait endurées, le cheikh Ahmed Dahlan eut une grande émotion et les larmes tombèrent de ses yeux. Il l'invita chez lui et organisa en son honneur une grande réception à laquelle il convia les grands savants de la Mecque et de la Mosquée Sacrée. A cette occasion, le cheikh Rahmatullâh décrivit sa situation avec détail et éloquence, notamment ce qui s'était passé entre lui et le prêtre Pfander. Le cheikh Ahmed Dahlan lui témoigna alors beaucoup de respect et d'affection et l'embrassa longuement ainsi que les autres savants. Il lui accorda l'autorisation d'enseigner dans l'enceinte de la Sainte Mosquée et inscrivit son nom dans le Registre officiel des savants de la Mosquée Sacrée.
7. LE PREMIER VOYAGE À CONSTANTINOPLEPendant que le cheikh Rahmatullâh s'installait dans la Mecque sous la protection de la Maison Sacrée de Dieu, une lettre urgente arriva de Constantinople dans laquelle le Calife et Sultan 'Abdulaziz Khan demandait au Wali de la Mecque de s'enquérir auprès des pèlerins indiens des graves événements de l'Inde, notamment de l'issue du débat dogmatique entre le cheikh Rahmatullâh et le groupe du prêtre Karl Pfander. Comme le Wali avait mis le cheikh Dahlan au courant du contenu de cette lettre, celui-ci l'informa que le savant indien qui a participé à ce débat et que le Kalife demande de ses nouvelles se trouve dans la Sainte Mecque et donne des cours dans la Mosquée Sacrée. Le Wali, AI-Sharif 'Abullah ibn 'Aoun reçut alors le cheikh Rahmatullâh, peut ainsi connaître la réalité de la situation en Inde et envoya une lettre en ce sens au Sultan. La réponse lui vint sous forme d'un ordre d'envoyer rapidement le cheikh Muhammad Rahmatullâh en Turquie comme invité spécial du Calife. Ceci arriva en l'an 1864.
Il faut dire qu'après la défaite du prêtre Karl Pfander et des savants chrétiens dans la controverse dogmatique l'Église dépêcha ce dernier en Turquie pour y prêcher la religion chrétienne. A Constantinople, le prêtre Karl Pfander avait fait répandre la nouvelle selon laquelle les savants musulmans étaient vaincus, toutes les mosquées transformés en églises, le christianisme ayant défait l'islam, etc. Les milieux religieux de la Turquie furent affectés par ces rumeurs.
Pour sa part, le prêtre Karl Pfander fuit Constantinople vers un lieu inconnu en apprenant l'arrivée du cheikh Muhammad Rahmatullâh. Dès l'arrivée de se dernier, le Sultan lui témoigna beaucoup d'égard et organisa en son honneur une grande assemblée religieux à laquelle il convia les savants religieux et les hauts fonctionnaires de l'État, en chargeant le cheikh Mohammad Rahmatullâh de faire à cette occasion un exposé détaillé sur le débat dogmatique avec le prêtre Pfander, la résistance contre le Christianisme, les massacres et les forfaits perpétrés par les Anglais en Inde. Au terme de cet exposé, le Kalife ordonna l'arrestation des prêtres et des prédicateurs chrétiens, la saisie de leurs livres et la fermeture de leurs centres.
Quant au cheikh Rahmatullâh, le Kalife l'installa généreusement à Constantinople. Il le recevait souvent avec beaucoup d'égards après la prière du 'Ichâ' en présence du chef des ministres Khayreddin Bacha al-Tunusi, du cheikh al-islam Ahmed As'ad al-Madani et des grandes personnalités de l'État Du reste, par considération du jihâd du cheikh Mohammad Rahmatullâh pour la victoire de l'Islam, le sultan 'Abdulaziz Khan lui fit un don Sultanien, le décora de l'Ordre du Mérite, deuxième échelon, lui accorda une rémunération mensuelle d'une valeur de cinq cents Majidi et nomma membre du Conseil du Wali de la Sainte Mecque.
8. LE LIVRE IDH-HÂR AL-HAQ (LA MANIFESTATION DE LA VÉRITÉ)C'est son œuvre majeure. En effet, le Sultan 'Abdulaziz et le chef des ministres Khayreddin Bacha lui demandèrent de composer un livre qui renferme les questions fondamentales, les thèmes essentiels et les principaux sujets qui caractérisent l'Islam et le Christianisme et rapporte en détail tout ce qui s'était passé dans le débat dogmatique en Inde. Comme ils lui demandaient de rester en Turquie pour achever ce grand travail pour l'Islam uniquement, le cheikh Rahmatullâh estima qu'il était de son devoir d'écrire un livre qui serait une sorte de forteresse inexpugnable qui protégerait les Musulmans contre les vaines doctrines. Il se consacra alors à la rédaction de ce grand ouvrage à partir du mois de Rajab de l'an 1280 de l'hégire et l'acheva au bout de six mois. Ce livre fut ensuite édité grâce au parrainage sultanien, distribué dans les pays arabes et islamiques et traduit en anglais, en allemand et en français. De même le Sultan supervisa personnellement sa traduction en langue turque sous le titre : Ibrâz al-haq. Pour rendre compte de l'importance de ce livre, il suffit de rappeler ce qu'avait écrit le London Times à l'occasion de sa parution en anglais à cette époque : "Si les musulmans s'attache à l'étude et à la lecture assidue de ce livre, la propagation de la religion chrétienne cesserait totalement, les âmes s'en détourneraient et les musulmans resteraient fidèlement attachés à l'Islam".
9. LA CRÉATION DE LA PREMIÈRE ÉCOLE EN ARABIE SAOUDITEAprès la composition de son livre Idh-hâr al-haq (La manifestation de la vérité , le cheikh Mohammad Rahmatoullâh revient à la Sainte Mecque pour se consacrer à l'enseignement dans la Mosquée Sacrée et dans sa maison. Il faut dire qu'à cette époque, l'enseignement n'était pas bien organisé dans l'enceinte de la Mosquée Sacrée, dans la mesure où les cercles d'étude dirigés par les savants n'avaient ni organisation, ni méthode précise. Bien entendu, le Kalife ottoman dépensait de grandes sommes au profit des savants de la Mosquée Sacrée et de leurs étudiants. Mais il n'existait pas de véritable école régulière pour prendre soin des enfants de la Mecque et de ses immigrés au plan de l'enseignement et de l'éducation pédagogique. Comme le cheikh Rahmatoullâh souffrait beaucoup du faible niveau de l'éducation et de la perdition des enfants Musulmans, il entreprit d'ouvrir au cours du mois de Rabi'al-Awwal 1285 de l'Hégire la première école créée par ses propres moyens dans le quartier al-shamiyya, à l'intérieur d'une résidence d'un Émir indien émigré, connue sous le nom de Résidence al-Saqifa qui était située au pied du Mont Hindi. Cette école était connu sous le nom de Madrasat Hindiyya (l'école indienne) ou Madrassat cheikh Rahmatoullâh. Mais en raison de l'exiguïté du lieu, le cheikh ne put organiser l'école comme il le voulait. Il en fut ainsi jusqu'à l'arrivée, pour l'accomplissement du pèlerinage de l'année 1289 de l'Hégire, d'une princesse indienne appelée Sawlat al-Nissa. Celle-ci désirait en plus du pèlerinage, construire un Ribât (une Maison consacrée aux œuvres pieuses) à la Mecque, comme c'était la pratique des gens de bien dans le territoire des lieux saints. Cette princesse étant bien avertie de la célébrité du cheikh Rahmatoullâh en Inde, elle le consulta à propos de la construction d'une édifice pour les pauvres. Mais le cheikh lui indiqua que la Sainte Mecque ne possédait pas une école qui prendrait en charge l'éducation des enfants des Musulmans et lui parla de son école. La princesse donna alors son accord pour la construction d'une nouvelle école et confia l'affaire au cheikh Rahmatoullâh. Un terrain fut acquis dans le quartier al-Khandarissa et le cheikh put ainsi jeter les bases de la première école religieuse régulière près de la Maison Sacrée de Dieu. Voilà comment cette cité assista dans la matinée du mercredi 15 Sha'ban 1290 de l'Hégire à la naissance de la première école à laquelle avaient assisté tous les savants, notables et étudiants de la Mecque. Par reconnaissance de son bienfait et pour perpétuer la renommé de cette princesse, le cheikh donna à cette école le nom al-sawlatiyya en rapport avec le nom de la princesse Sawlat al-Nissa et refusa de lui donner son propre nom. Depuis cette date, cette école été devenue un centre pour les élèves venant de toutes les contrées islamiques et un foyer pour les sciences et la connaissance. C'est la première école régulière construite en Arabie grâce aux soins de ce grand Mujâhid. Par la Grâce de Dieu, elle n'a cessé depuis plus des années d'accomplir sa mission. Son histoire est riche par les services rendus dans les domaines de la propagation de la Foi et de la science et de la formation de plusieurs promotions de savants, d'enseignants, de Qadis, d'écrivains, d'hommes d'État qui ont assumé sa mission à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
10. SES ÉLÈVES A LA MECQUEIl importe de souligner que le cheikh Rahmatoullâh jugeait avec perspicacité et profondeur de vue que l'enseignement à la Mecque, particulièrement dans la Mosquée Sacrée n'avait ni règles précises, ni méthode, ni programme, car les cercles des savants se limitaient à l'étude de certaines disciplines et à certains manuels habituels sur l'exégèse, le hadith, le fiqh et ses fondements, les principes de la langue, les obligations religieuses et tout ce qui se rapporte à cette forme du savoir. Aussi, il voulut introduire l'étude de nouvelles disciplines et de nouveaux manuels. De même, il tenait à faire connaître à ses étudiants un savoir nouveau pour eux. Ainsi, il leur enseigna la logique, la philosophie islamique, le kalâm et la science du controverse et l'astronomie pour lesquels il fit venir des livres de l'Inde. Ce fut un jour mémorable dans l'histoire de l'enseignement dans l'enceinte de la Mosquée Sacrée de la Mecque lorsque l'illustre cheikh se mit à étudier le livre Hujjat Allâh al-bâligha, les Prolégomènes d'Ibn Khaldun et bien d'autres ouvrages de ce genre. Les étudiants affluèrent vers lui de toutes les contrées et son cercle d'étude devint une magnifique source du savoir. Il se consacra longuement à l'enseignement dans la Mosquée Sacrée, dans sa maison et dans l'école Sawlatiyya et forma des générations d'éminents savants, Qadis et muftis devenus célèbres dans les annales de l'histoire de la Sainte Mecque.
11. SA MORTAu terme d'une vie remplie d'actions illustres dans les domaines de la composition, du jihâd avec l'épée et la plume et de l'enseignement en Inde et dans la Mosquée Sacrée et après avoir fondé la plus grande école de l'époque moderne dans les contrées du Hidjâz d'où sont sortis bien d'éminents savants et maîtres de la connaissance, le cheikh Rahmatoullâh a répondu au Rappel de son Seigneur un jeudi soir du mois béni de Ramadan de l'an 1308 de l'Hégire correspondant au premier Mai 1891. Il fut inhumé au milieu des justes et des martyrs près de la Mère des croyants Khadija al-Kubra - que Dieu soit satisfait d'elle - dans la cimetière al-'Ulat de la Sainte Mecque. Que Dieu lui fasse grande miséricorde et lui accorde le Paradis comme dernière demeure ! Amen.
Soulignons enfin que les descendants du cheikh Rahmatullâh ne cessent d'assumer la mission scientifique et religieuse de leur grand-père et que l'école al-Sawlatiyya continue toujours d'accueillir élèves et enseignements et de servir la connaissance. Louange à Dieu pour le bienfait de cette réussite.