Terre
O ma Terre,
Permets que de mes mains
Très humblement je creuse
Une vasque de transes dans ta peau blessée.
Je ne veux pas le mal,
Je ne veux pas les cris
Juste un berceau de glaise où coucher mon corps nu
Et que sur lui descendent les Esprits Fondateurs.
Vienne l'esprit de Feu
Qu'il mange mon baton
Tendu vers les orages
Incendie la prairie et purifie l'espace!
Qu'il rende à l'herbe drue
Une envie de troupeaux
Et des enfances vierges.
Vienne l'Esprit de Vent
Qui souffle sur le feu et étend sur la Terre
Sa médecine rouge.
Guérit les hommes , Vent !
Guérit les du désir
De toujours plus avoir
De toujours plus envier.
Avale dans ton outre
Les mots qui font tomber
Les mots qui font tuer
Les mots qui empechent les mains de se tendre et s'aimer.
Et maintenant que l'Eau
Apaise de caresses
Les larmes de mon peuple.
Nous avons tant pleuré de voir l'homme se croire
Plus doué qu'une fourmi,
Plus grand que la poussière
Plus fort que le faucon.
Que chaque goutte d'Eau
Lave les mains des hommes,
Qu'elles redeviennent simples
Et se sentent modestes
Lorsqu'elles creusent la Terre, domestiquent le Feu, empruntent les chemins de la Brise et du Fleuve.
Que les esprits Fondateurs disent aux mains des hommes :
"Nous sommes si fragiles
Mais aussi très puissants.
Dans le creux de vos mains
Nous savons nous plier
Mais aussi déchainer tous les cris que la Terre rentre en son ventre chaud.
Ne nous obligez pas........
Ne nous y forcez pas........
Redevenez des Vrais.
Viviane Lamarlère