Les émotions dans le bouddhisme

L'enseignement bouddhiste considère les émotions fortes comme "perturbatrices". Non pas "mauvaises" mais perturbatrices pour la conscience parce qu'elles empêchent d'avoir une vision objective.
Cela empêche d'aider les autres parce que l'émotion peut carrément aveugler et se on trompera dans la forme d'aide: on ira vers la pitié, l'exacerbation de la sensiblerie plutôt de trouver la vraie cause de leur souffrance et pouvoir les en délivrer.

La compassion bouddhiste n'a donc rien à voir avec le mot français, ni avec son synonyme "empathie".
C'est plutôt une forme d'amour altruiste qui veut agir pour le bien des autres.

Elle est une des bases de la Voie puisque son but est d'"aider tous les êtres", la méditation est un exercice très utile pour apprendre à faire le tri entre les pensées, les émotions et tout ce qui se passe dans notre cerveau.

Extrait d'un texte de Matthieu Ricard
L'empathie consiste à ressentir ce que d'autres éprouvent et à entrer en résonance avec eux. Lorsque nous rencontrons un être transporté de joie, nous éprouvons nous aussi de la joie. Il en va de même pour la souffrance. Par empathie nous ressentons la souffrance qui accable l'autre. Au plan de l'expérience vécue, ces sentiments empathiques sont semblables à de la joie véritable et à de la souffrance véritable. C'est pourquoi, lorsqu'une personne qui éprouve spontanément de l'empathie est continuellement confrontée aux souffrances d'autrui, elle est constamment affectée par ces souffrances. Nous constatons que ceci arrive aux plus dévouées des personnes travaillant dans les services d'aide et de soin, tels que les professionnels de la santé. L'expérience répétée et profonde qu'elles font de l'empathie les conduit soit à développer le syndrome d'épuisement professionnel (l'incapacité de supporter les sentiments empathiques), soit à fuir les sentiments et les émotions d'autrui.
(...)
Selon le bouddhisme, l'amour altruiste est une attitude qui consiste à souhaiter que les autres soient heureux et à rechercher les causes véritables du bonheur. Et la compassion est définie comme le désir de mettre fin aux souffrances d'autrui et à leurs causes. Un tel amour altruiste peut imprégner l'esprit au point qu'on peut en venir à ne rien souhaiter de plus que le bien-être de ceux qui souffrent. La compassion n'est rien d'autre que l'amour donné à ceux qui souffrent. Un tel amour compatissant peut neutraliser la détresse et l'impuissance engendrée par l'empathie appliquée seule, et produit des dispositions d'esprit constructives telles que le courage compatissant.

Pour moi, je me permets...Les émotions fortes sont juste désagréables.
Dans le bouddhisme elles perturbent le Karma.
J'irais même jusqu'à dire qu'elles perturbent son bon déroulement.
Mais elles entravent le "bon" déroulement des mauvais karmas...Des non-bouddhistes.
Donc elles sont utiles mais ce qui pose problème c'est l'entre-deux quand on veut concilier (Nous les bouddhistes, je me permets...) ses aspirations zen (Disons le mot) avec les aspirations chrétiennes par exemple.
C'est ce que je reproche aux musulmans et aux juifs : l'exacerbation de leurs émotions qui si elles étaient pacifiées leur seraient favorables d'un point de vue efficacité...
Du coup en ce point le nom commun "efficacité" devient mystérieux j'en conviens.

Un etre humain:

Citation :

Dans le bouddhisme elles perturbent le Karma.
J'irais même jusqu'à dire qu'elles perturbent son bon déroulement.

Je ne comprends pas bien ce que tu veux dire par là.  On n'est pas responsable des émotions qui nous viennent, on ne les choisi pas donc je ne comprends pas pourquoi elles influenceraient le karma.  Peux tu expliquer ?

Le karma en bouddhisme, c'est que chaque pensée ou action engendre une réaction, un effet.  Il n'y est pas question de réincarnation puisque l'ego y est une illusion.  Il ne faut donc déjà pas confondre avec la notion de karma en Inde, ou dans les régions où hindouisme et bouddhisme sont mélangés.

Le karma résulte donc des actions et non pas des émotions, du moins c'est cette "version" que j'ai adoptée.

En mettant en pratique les enseignements, on apprend progressivement à gérer ses émotions: en garder ce qui est bon et utile, et en ne se laissant pas entraîner par ce qui est mauvais ou perturbant.  Les émotions sont donc considérées comme des occasions de s'entraîner, comme le capitaine d'un voilier apprend à gérer les courants et les vents pour arriver à bon port.

De toute façon on ne peux pas contrôler ses émotions mais uniquement les réactions face a ses émotions et être observateur actif .
Pour ce qui est de la réincarnation je serais plus nuancé que Triskel , il me semble que ce que le bouddha as nié c’est l’existence d’un moi immuable (un moi qui change pas ) par contre il as bien insisté que les processus psychique continu après la mort .
Sinon le bouddha ne seras pas différent des matérialistes de l’époque (les lokayata) hors bouddha refuse les deux extrême de l’annhilationisme et de l’éternalisme immuabiliste

je pense qu'on peut les empêcher de "grandir" si on les gère dès leur apparition.  Souvent, on fait le contraire: on les alimente par les pensées, on rumine.  Comme tu dis, on peut les observer et apprendre à les "raisonner" parce que la pensée a le pouvoir de les gérer.

Exemple souvent employé pendant les enseignements: on voit une forme de serpent dans la pénombre, on prend peur.  Avec l'outil "pensée", on peut alors
- se calmer et penser qu'il y a d'autres possibilités (commencer à gérer sa peur, l'empêcher de nous envahir)
- ou allumer une lumière (image de la clairvoyance acquise par la méditation.)

On peut donc agir et supprimer complètement la peur.

On peux les moduler je pense mais ultimement on ne peux pas choisir / contrôler totalement ces émotions , je dirais même que c’est contre productif , plus on essaye de lutter contre se émotions plus elles se renforcent .
Mais quand tu écoute ce que l’émotion veux te dire alors elle s’estompe

Le bouddhisme est plein de sagesse. Il décrit très bien les processus psychiques et intérieurs de l'être humain. Ce n'est pas pour rien que les athées s'y intéressent. Les enseignements peuvent être vrai même si on enlève les superstitions et la magie (ex. la réincarnation ou le karma).

Par la pratique de la méditation, j'ai beaucoup appris en observant ma conscience. C'est comme un tableau blanc où apparait les sensations, les émotions et les pensées.

L'amour altruiste et la compassion, tel que décrit par Matthieu Ricard, sont des attitudes que l'on développe par la pratique de la méditation. Cela nous permet de voir notre lien de dépendance à toute chose et de voir l'illusion du moi.

je suis tout à fait en accord avec vos deux derniers posts.

Le karma peut aussi être compris de manière moins traditionnelle, on peux envisager le karma comme le socle d’une éthique , en faisant comme ci le karma existe on agiras forcément de manière morale .