Livre d'actualité brulante a discuter et lire !!!
Composer un monde en commun
Une théologie politique de l'anthropocène
Gaël Giraud
Comment relever les extraordinaires défis que nous lancent les crises induites par la destruction de notre habitat planétaire ? Faut-il réviser le concept même de propriété privée ? Remettre en cause la souveraineté des États-nations ? Comment construire ensemble les institutions internationales qui permettraient de prendre soin de nos communs globaux que sont le climat mais aussi la biodiversité, la santé, les cultures et jusqu’à la démocratie ?
Car c'est elle qui, aujourd'hui, est menacée par notre refus d'inscrire des limites à la toute-puissance de la personnalité juridique, des techniques extractivistes et de la marchandisation du monde. Où trouverons-nous les ressources politiques, culturelles et spirituelles pour inventer ces limites et en faire une chance plutôt qu'une insupportable privation de liberté ?
Un tel projet exige de refonder l'utopie des Lumières. Et pour cela, de puiser à la source du christianisme, qui constitue l'une de ses matrices historiques. Il implique donc une révision de la manière dont le christianisme se comprend lui-même : expérience stylistique du retrait d'un Dieu qui s'efface pour nous ouvrir à un horizon démocratique qu'il nous revient d'imaginer ensemble ? Ou religion d'un Christ glorieux qui légitimerait une souveraineté politique autoritaire, carnivore, phallocratique et colonialiste ? Telles sont quelques-unes questions que pose ce livre.
Apprendre à y répondre participe peut-être de ce que les traditions bibliques nomment la sainteté.
Gaël Giraud est économiste et prêtre jésuite. Directeur de recherches au CNRS, il dirige depuis 2021 le programme de justice environnementale à l’université de Georgetown. Il a notamment publié : Vingtpropositions pour réformer le capitalisme (avec Cécile Renouard, Flammarion, 2009), Illusion financière (Éditions de l’Atelier, 2013), Produire plus, polluer moins : l’impossible découplage ? (col., Les Petits Matins, 2014).
OÙ ACHETER
Sciences humaines
Religions / Spiritualités
La Couleur des idées
Date de parution 14/10/2022
27.00 € TTC
816 pages
EAN 9782021474404
et dans le bultin janvier févreier de ATTAC limoges 87
C’est en échangeant à propos des manifestations contre
les bassines et en notant les différences d’approches
des camarades agriculteurs sur l’usage de l’eau que
nous avons plongé sur la notion de biens communs et
que nous avons décidé de remonter à la source de ce
terme.
De quoi est composé un bien commun ?
D’après Gaêl Giraud pour qu’un « bien commun » existe
il requiert qu’il soit composé d’une ressource, d’un collectif et d’une organisation.(1) Par exemple une société
de pêche qui gère un étang : la ressource est à la fois
l’étang, les poissons, le milieu aquatique, le collectif, ce
sont l’ensemble des pêcheurs qui peuvent accéder à cet
étang et l’organisation est l’ensemble des règles que les
pêcheurs se sont données : cotisation, ouverture, entretien de l’étang, prélèvements, … On voit déjà ici dans
cet exemple que la question de la propriété de l’étang
n’est pas première, c’est son usage.
A grands pas, quelques repères historiques en 5 étapes
L’histoire des communs en Occident croise l‘histoire de
la propriété (individuelle et collective),l’opposition intérêt général/intérêt particulier, l’opposition entre propriété et droit d’usage.
En fait la réflexion et la pratique des communs est ancienne. Elle remonterait à l’époque romaine (2). Le
droit romain distinguait par exemple les « res publicae »
qui sont des biens publics qui servent le bien de tous et
les « res communes » qui sont des biens que personne
ne peut s’approprier, comme les éléments de la nature,
tous les deux limitant les biens purement privés.
Au moyen âge, les habitants des campagnes bénéficiaient d’un droit d’usage sur leur environnement naturel
(pâturage, chasse, glanage, coupe de bois, communaux, collecte de résine, …). Et ceci sous certaines
conditions puisque ces terres étaient des propriétés seigneuriales. Ce système (appelé common lands, («terre
commune ») en anglais de laquelle dérive le terme
« commons », communs en français prit fin avec le mouvement des enclosures. Cela consiste à clôturer les terres pour en limiter l’usage à certaines personnes choisies
par le seigneur et en tirer des revenus. Karl Marx considère cette évolution comme le début du capitalisme.
Troisième étape : les lumières et la révolution française
La révolution française érigea la propriété privée en
droit inviolable et sacré. «La Révolution française privilégia en effet un modèle de propriété individuelle, abChevaucher les expressions : Le bien commun
solue, pleine et entière, par opposition aux privilèges
de l’Ancien Régime, période de fragmentation de la
puissance publique et de confusion entre pouvoir, souveraineté politique et propriété. Mais ce qui fût sans
doute un outil d’émancipation politique contre l’arbitraire de la monarchie absolue est devenu la forme
juridique hégémonique d’un capitalisme inégalitaire et
destructeur de la nature.
Quatrième étape : la « tragédie des communs »
La deuxième moitié du XXème siècle va voir à la fois
en Occident puis dans les parties du monde gagnées
par la mondialisation le recul du rôle économique de
l’État et le développement de la sphère marchande et
capitaliste à des secteurs qui y échappaient (la santé,
la culture, la connaissance, la recherche,…). Une partie de cette évolution va être justifiée théoriquement
par la « tragédie des biens communs ». Le sociobiologiste Garrett Hardin (1915-2003) avait conçu une remise en cause radicale de la catégorie de bien collectif,
qui, selon lui, ne peut conduire qu’à une « tragédie
des communs » [1968]. Son modèle stipule que, lorsqu’une ressource est en libre accès, chaque utilisateur
est conduit spontanément à y puiser sans limite, poussant à sa disparition. Reprenant en partie la polémique
d'Aristote contre la Polis de Platon dans le sens où "la
propriété de tout le monde n'est la propriété de personne" et respectivement "le bien le plus partagé est le
moins gardé ». « Une littérature abondante, d’inspiration néolibérale, a pris appui sur cet argument pour
montrer les avantages de la propriété privée et l’inefficacité de la gestion collective en général. »(3) Ce que
fustige Thomas Piketty en parlant d’ « idéologie propriétariste » qu’il définit comme une « idéologie politique qui place la propriété privée comme mode de
régulation central des relations sociales permettant
d’obtenir l’harmonie de la société ». Cette idéologie
infuse toujours dans nos sociétés, et contribue à perpétuer une forte concentration des richesses entre quelques mains. »
Cinquième étape : les travaux d’ Elinor Oström
En 2009, le prix de la banque de Suède en sciences
économiques (le "prix Nobel" d’économie) est décerné à Elinor Oström (1933-2012) (4) et Oliver Williamson pour leurs travaux sur les biens communs. Cette
économiste américaine a montré que pour certaines
ressources le meilleur gage de préservation était une
gestion partagée et négociée. Ce mode de gestion se
révèle parfois plus efficace que la propriété privée ou
9
trui. Ce sont ces vertus que l’on cite généralement pour
résumer la notion d’Ubuntu ou humanité. Il existe un
adage zoulou qui résume bien le sens du terme :
Umuntu ngomuntu ngabantu – un individu est individu à
cause des autres individus. Il s’ensuit que manquer d’humanité envers autrui est considéré comme une absence
d’humanité ou d’Ubuntu. » (7) (voir aussi dans ce numéro « des pensées qui nous inspirent » sur Nelson
Mandela et l’Ubuntu). Dans les différences culturelles
sur les rapports à la nature, nous pouvons par exemple
opposer d’un côté l’injonction biblique « dominae terrae » : « croissez, multipliez vous et dominez la terre »,
cité par Gael Giraud (1) qui est (précisons bien) chercheur au CNRS et jésuite. Et de l ‘autre des cultures qui
inscrivent l’humanité dans un continum avec la nature
comme le « sumak kawsay » des amérindiens, le « buen
vivir » (ou le pachamanisme) en Équateur et Bolivie,
l’ »eudémonia » (la vie bonne) en Grèce, (8). Ces
quelques exemples illustrent la diversité d’organisation
des communs (14), ces "arrangements institutionnels"
dont parle Elinor Oström.
Classement des biens communs
Comme nous venons de le voir et comme nous le verrons plus loin dans les enjeux, ce ne sont pas les biens
qui définissent les biens communs, ce sont les luttes, les
initiatives et les politiques qui transforment un bien en
un bien commun. Néanmoins, si vous cherchez un classement, vous pouvez vous référer à l’article de Jean
Marie Haribey (6) qui propose une distinction intéressante entre bien public, bien collectif et bien commun.
Nous vous proposons quand même une classification
initiale qui aura l’avantage d’illustrer les enjeux des
communs.
Notons dès le départ, combien le changement d’échelle (local, communal, régional, national,…) pour l’organisation des communs requière des moyens et des méthodes complètement différentes. Commençons par les
tentatives pour instituer des communs au niveau mondial. La première concerne les « biens publics mondiaux », résultats des travaux des économistes pakistanais Mahbubul haq et indien Amartya Sen (prix Nobel
d’Économie 1998 ) (3) et du rapport Brundtland (1987)
qui introduit le développement durable. Les économistes du PNUD proposent de distinguer 3 classes de biens
publics mondiaux. La classe 1 serait celle des « biens de
l’indivis mondial naturel» (couche d’ozone, stabilité du
climat, océans,..) dont la caractéristique est la surutilisation. La classe 2 comprendrait le patrimoine fabriqué
par l’homme (connaissance scientifique, recherche,..)
dont la caractéristique serait la sous utilisation. La classe 3 enfin comprendrait tous les résultats d’une politipublique par exemple lorsqu'il s'agit de l'eau ou des
semences. En effet la pensée des communs est très opératoire pour réfléchir à la préservation des ressources
environnementales mais aussi des connaissances numérisées. Deux domaines où la question de la propriété ne
s'avère pas pertinente. « Depuis sa thèse soutenue en
1965 sur la gestion des nappes phréatiques dans le sud
de la Californie, Elinor Oström observe de manière empirique une grande variété de systèmes d’utilisation des
biens communs, qui combinent généralement autogestion, règles coutumières, mécanismes de marché et régulation étatique. Des massifs forestiers, des bassins versants, des zones d’irrigation ou de pêche font l’objet de
ce qu’elle appelle des "arrangements institutionnels" mis
au point par les groupes d’utilisateurs eux-mêmes, souvent sur de longues périodes. » (5)
De la prise en compte des contextes culturels sociaux et politiques
Lors de notre recherche, nous avons pu constater que
beaucoup d’économistes ont analysé des initiatives de
commun pour démontrer leur efficacité plus grande que
des initiatives individuelles et pour aussi trouver les modèles ou les principes les plus pertinents. Or si nous suivons Jean-Marie Harribey « le renouveau apporté par
les travaux d’Ostrom », c’est « l’intuition que ce qui relève du périmètre commun et/ou collectif et/ou public a
son origine dans une décision de type politique, et ce
quel que soit l’échelon où elle est prise, allant du local
au global. » (6). Alors que les travaux d’ Elinor Oström
s’appuient sur des études de terrain et un travail pluridisciplinaire sur plusieurs continents, elle néglige
(toujours selon Jean-Marie Harribey) les contextes culturels, sociaux et politiques (rapports sociaux, rapports
de force,…). Cette négligence porte en particulier sur
l’articulation entre l’individu et le collectif, les rapports
homme-nature, les notions de développement dans
d’autres cultures que la civilisation occidentale. Si nous
prenons l’exemple de la philosophie humaniste
« ubuntu » qui irriguait une grande partie de l’Afrique
(centrale, australe et orientale) avant la colonisation,
nous retrouvons des valeurs et des pratiques qui sont au
fondement des communs : « Parce que l’Ubuntu est fondé sur une vision du monde relationnelle, son apport
principal consiste à affirmer qu’en tant qu’êtres humains,
nous dépendons d’autrui pour atteindre un bien-être
optimal. Plus d’un chercheur a maintes fois observé que
c’est dans la réalité de notre dépendance et interdépendance mutuelle que nous accédons à la plénitude
de notre humanité..../.... « Ubuntu» signifie humanité –
gentillesse, compassion, respect et attention envers au-
que mondiale intégrée ou coordonnée ( santé,
paix, stabilité financière,..) dont la caractéristique est la sous production. Il va sans dire que ces
droits n’ont aucun avenir de réalisation dans un commerce international basé sur la concurrence absolue
et les moins disant juridique et social. La deuxième
concerne le « patrimoine commun de l’humanité »
dans lequel l’UNESCO et l’ONU rangent des ressources naturelles et culturelles avec des réglementations
particulières. Ce patrimoine est composé au fil des
traités entre autres de la mer, des fonds marins, les
corps célestes du système solaire (la lune y est elle
incluse?) et des « biens culturels de l’humanité » et
laisse le soin aux États de les protéger. La troisième,
la plus intéressante concerne les droits communs
fondamentaux. La logique néolibérale dominante
voudrait « canaliser cette revendication des biens
communs » dans la définition économique des biens
pour en limiter l’extension, quand la dynamique de la
lutte politique tend à élargir au contraire les domaines
des « biens communs de l’humanité » en les raccordant à des droits fondamentaux. Ce ne sont pas des
biens au sens des choses, mais l’accès à des conditions, à des services et à des institutions qu’il s’agit de
créer et de garantir : santé, éducation, alimentation,
logement, travail » (2) Dans cette perspective, la santé, l’eau, l’éducation ne sont pas simplement des
biens communs par leur nature mais parce qu’ils correspondent à des droits fondamentaux opposables à
la double logique des marchés et des États.
Pour ce qui concerne les autres biens communs, on a
coutume de distinguer les biens communs physiques et
les biens communs immatériels.(10)
Parmi les biens physiques, nous trouvons d’abord les
biens environnementaux appelés aussi biens naturels
(forêt, fleuve, …) soit pour leur défense, soit pour
leur exploitation comme les prud’homies de pêche
(11), les AMAP, les banques de semences paysannes.
Ensuite, il y a les communs urbains ou ruraux qui résultent de luttes (occupations, squats, achats, les friches industrielles, changement de destination,…), bien
sûr les ZAD mais aussi certains projets d’« habitat participatif » (12)
Les biens immatériels qui concernent essentiellement
les connaissances : tant pour leur création (la recherche) que leur diffusion. A contrario de qui s’est passé
pour la pandémie du Covid, Didier Pittet, médecin
épidémiologiste qui a mis au point la formule
de la solution hydroalcoolique a fait don de
cette formule modifiée simplifiée à l'Organisation mondiale de la santé afin qu'elle s'internationalise, qu'elle soit accessible à tous les pays, y
compris les plus pauvres car il considère que "c'est le
plus proche des droits humains que de trouver cette solution quand vous arrivez dans un hôpital ou
quand vous arrivez sur un site de catastrophes. Ça
fait partie du respect des droits humains que de disposer de ces solutions hydro alcooliques en tout lieu.
Au fond, être médecin ou infirmier, c'est un partenariat avec son patient, et de pouvoir finalement réclamer ce geste aussi simple en matière d'hygiène des
mains, c'est un geste de respect universel » De
même, l’accès au savoir et à l’information est
consubstantiel à la démocratie. Et « le numérique a
été le vecteur de la construction de communs de la
connaissance, ou communs immatériels » (13). Par
exemple, l ‘application web wiki qui permet la création, la modification et l'illustration collaboratives de
pages à l'intérieur d'un site web (qui a permis Wikipédia) ou Les licences Créative Commons constituent une solution alternative légale aux personnes
souhaitant libérer leurs œuvres des droits de propriété intellectuelle standard de leur pays, jugés trop
restrictifs. De même les logiciels libres (15) constituent et revendiquent d’être des communs contributifs, une des suites de Linux ne s’appelle t il pas
Ubuntu ?
Les enjeux ?
Dans leur livre, Pierre Dardot et Christian Laval
(dont il faut rappeler le sous titre : Essai sur la révolution du XXIe siècle) affirment que le commun n’est
ni un bien, ni une chose, « ni une qualité propre à un
ensemble de chose », c’est avant tout un principe
(d’où le titre de leur livre « commun »), un principe
politique et ce principe s’impose aujourd’hui comme
« le terme central de l’alternative politique pour le
XXIe siècle : il noue la lutte anticapitaliste et l’écologie politique par la revendication des « communs »
contre les nouvelles formes d’appropriation privée et
étatique ; il articule les luttes pratiques aux recherches sur le gouvernement collectif des ressources
naturelles ou informationnelles ; il désigne des formes démocratiques nouvelles qui ambitionnent de
prendre la relève de la représentation politique et
du monopole des partis ». Parce que « Comme prin10
11
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien](2) « COMMUN, Essai sur la révolution du XXIe siècle » Dardot pierre, Laval Christian.. La Découverte Paris 2014
(3) « Du public au commun » pierre Dardot, Christian Laval la découverte | « revue du mauss » 2010/1 n° 35, consultable sur
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien](4) première femme à recevoir le « prix Nobel d’économie »
(5) DES COMMUNS SANS TRAGÉDIE : ELINOR OSTRÖM VS. GARRETT HARDIN Alice Le Roy Association EcoRev' | « EcoRev' » 2012/1
N° 39 Article disponible en ligne à l'adresse :https://
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien](6) « Le bien commun est une construction sociale. Apports et limites
d’Elinor Ostrom » Jean-Marie Harribey,in « l’Économie Politique »
janvier 2011 2011/1 n° 49 | disponible sur :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]revue-l-economie-politique-2011-1-page-98.htm
(7) « L'UBUNTU » Munyaradzi Felix Murove Presses Universitaires de
France | « Diogène » Article disponible en ligne à l'adresse :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien](8) conférence de Paul Ariès en juin 2012 invité parr ATTAC 87 et
les Amis de la Terre Limousin
(9) un livre à lire absolument pour reconsidérer la position universaliste occidentale « La Démocratie des autres : pourquoi la liberté n'est
pas une invention de l'Occident » Amartya Sen, Rivages poche,
2006
(10)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien](11)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien](12)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien](13) PEUGEOT Valérie, "Les communs de la connaissance au service
de sociétés créatives" in « communs des savoirs et bibliothèques»,,
Paris, éditions du cercle et de la librairie,
(14) « Apprendre à gérer le commun » Entretien avec Martine Antona, François Bousquet, Association EcoRev' | « EcoRev' » 2012/1 N°
39 | Article disponible en ligne à l'adresse :https://www.cairn.info/
revue-ecorev-2012-1-page-28.htm
(15)
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]cipe, le commun définit une norme
d’« inappropriabilité ». Il impose en effet de refonder
toutes les relations sociales à partir de cette norme :
l’inappropriable n’est pas ce que l’on ne peut s’approprier, ce dont l’appropriation est impossible en fait,
mais ce que l’on ne doit pas s’approprier, c’est à dire
ce qu’il n’est pas permis de s ‘approprier parce qu’il
doit être réservé pour l’usage commun. Il revient à la
praxis instituante (= la délibération collective) de déterminer ce qui est inappropriable ».Autrement dit,
« le « bien commun » est une construction sociale »( )
Cet usage commun est une « appropriationdestination », c’est à dire soustraire quelque chose à
la propriété sans se l’approprier pour mieux l’approprier à sa destination sociale (primauté du droit d’usage sur le droit de propriété). C’est en régler l’usage
sans s’en faire propriétaire, c’est à dire sans s’octroyer le pouvoir d’en disposer en maître. C’est pourquoi, tout en comprenant que l’on puisse continuer à
parler de «, « biens communs » comme un mot de ralliement dans le combat, on préférera s’abstenir de
parler de « biens » : il n’y a pas de « biens communs »,
il n’y a que des communs à instituer » Ainsi se termine
leur ouvrage et par là même notre article.
JPB
NOTES :
(1) Le monde et sa propriété, une série de 4 émissions disponible
jusqu’au 10 juin 2023 sur Arte :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]000-A/le-monde-et-sa-propriete-4-4/ la quatrième porte en grande
partie sur les « biens communs » + émission de France Culture avec le
réalisateur Gérard Mordillat : « La propriété : une notion à réinventer
dans l’économie de demain ? » France Culture : https:/