La tendresse est la variante la plus humble de l'amour. Elle est de ces affects qui n'apparaissent ni dans les Écritures ni dans les Évangiles. Personne ne prête serment sur elle, nul ne s'en réclame. Elle n'a ni emblème ni symbole particuliers, elle ne mène ni au crime ni à la jalousie.
Elle apparaît quand nous tournons un regard attentif et concentré vers l'existence de l'Autre, vers ce qui n'est pas "soi".
La tendresse est spontanée et désintéressée, elle va beaucoup plus loin que l'empathie compassionnelle. Il s'agit plutôt d'un partage conscient, quoique peut-être un peu mélancolique, du destin. La tendresse, c'est se sentir intensément concerné par l'existence d'un autre, par sa fragilité, son caractère unique, sa vulnérabilité face à la souffrance et à l'action du temps qui passe.
La tendresse perçoit les liens entre nous, nos ressemblances et similitudes. Elle est le principe actif d'un regard grâce auquel le monde apparaît vivant, vibrant de ses liens internes, de ses échanges et de ses interdépendances.