Bonsoir,
Je souhaitais à la base citer des poèmes que j'aime mais je n'ai finalement rien trouvé de probant.
Je lance donc un sujet qui peut sembler philosophique mais qui pour moi ne l'est pas. En survolant les Ecritures, je suis souvent frappé par la tension qu'il y a entre d'une part le besoin et la quête d'humilité du croyant, et d'autre part sa tendance à l'assurance et à la plénitude de la foi. Que l'humilité peut confiner à un sentiment paralysant de culpabilité, tandis que l'assurance, saine, peut se pervertir dans la suffisance, la satisfaction de soi, d'avoir.
Kant a, me semble-t-il, résolu rationnellement cette tension dans l'analytique du sublime. Au delà du système/jargon philosophique, j'en avais gardé que l'homme, face à ce qui défie à la fois l'intuition et le sensible, face au sentiment de l'infini qui agit dans la représentation de Dieu au sens de la Nature, au sens "Des rochers audacieux suspendus dans l’air et comme menaçants, des nuages orageux se rassemblant au ciel au milieu des éclairs et du tonnerre, des volcans déchaînant toute leur puissance de destruction, des ouragans semant après eux la dévastation, l’immense océan soulevé par la tempête, etc."..., l'homme donc peut passer de la crainte à la joie quand il n'y résiste pas.
Et s'il se laisse aller à ce qui dans la Création excède son pourvoir, s'il s'y laisse enchainer c'est du coup non par suffisance mais parce qu'il est moralement libéré du danger : "et nous nommons volontiers ces choses sublimes, parce qu’elles élèvent les forces de l’âme au-dessus de leur médiocrité ordinaire, et qu’elles nous font découvrir en nous-mêmes un pouvoir de résistance d’une tout autre espèce, qui nous donne le courage de nous mesurer avec la toute-puissance apparente de la nature."
Je crois que c'est une leçon esthétique et morale de courage et de sérénité. Qui nous en apprend beaucoup sur nous-même (à discuter). Non ?